Quels sont les ingrédients à éviter dans nos cosmétiques ?

Déchiffrer la liste INCI des cosmétiques, c’est ma passion : une vraie Sherlock ! Oui, je l’avoue, c’est curieux comme hobby, mais elle m’a empêché à mainte reprise de me faire avoir par le marketing parfaitement maîtrisé des grandes marques de cosmétiques. J’ai bien conscience qu’il est compliqué de fabriquer à 100 % tous ses cosmétiques. C’est pourquoi comprendre les listes d’ingrédients vous empêchera d’acheter à votre insu des produits qui possèdent des ingrédients nocifs pour la santé et l’environnement. 

L’INCI qu’est-ce que c’est ?

La dénomination INCI (International Nomenclature of Cosmetics Ingredients) est la liste d’ingrédients composant un cosmétique. Elle est obligatoire, et chaque ingrédient à un nom universel. Il peut être soit en latin (paraffinum liquidum) en anglais (beeswax), en nom botanique (Butyrospermum parkii) ou en nom chimique (Propylene Glycol). C’est d’ailleurs la diversité linguistique des noms des ingrédients qui rend le déchiffrage des listes INCI compliqué et décourageant. Du coup, même si cette liste est obligatoire, elle ne sert pas à grand chose, si nous, consommateurs ne savons pas la déchiffrer.

Comment cette liste est-elle structurée ?

Le plus important à savoir est que ce sont les 5 premiers ingrédients qui sont les plus importants et les plus présents dans le produit.  Rien que savoir cela permet de déjouer les pièges du marketing. Pour la petite histoire en allant à la pharmacie, j’ai reçu un échantillon pour une crème pour bébé à base d’huile végétale d’avocat (tout le marketing de la gamme tourne autour cet ingrédient). Et sa tombe bien, ma fille de 20 mois à la peau très sèche. Sauf qu’en regardant la composition, l’huile d’avocat est en dernière position (soit inexistant). Devinez ce qu’il y a en première et deuxième position ? De l’eau et de l’huile végétale de tournesol.

Un autre exemple où je vous conseille de faire attention est la mention  » 98 % d’origine naturelle ». Sur le papier, c’est bien, mais cela signifie aussi qu’il y a 2 % d’ingrédients qui ne sont pas naturels. Et souvent, ces 2 % correspondent aux additifs et aux conservateurs qui peuvent être controversés.

Quels sont les différents suspects ?

Les alcools gras de synthèse

Il existe plusieurs types d’alcool gras : certains peuvent avoir un rôle d’émulsifiant et de solvant. Ils peuvent aussi avoir une action émolliente pour adoucir la peau. Ils contiennent le mot alcohol précédé d’un suffixe en -yl : Stearyl Alcohol, Cetyl Alcohol, Benzyl Alcohol , Lauryl Alcohol. 

Il existe d’autres types d’alcool gras avec une dénomination beaucoup plus complexe avec un suffixe en -ol : propylene glycol, PolyPropylene Glycol (PPG), hexadecanol. 

Les alcools gras synthétiques se trouvent dans la majorité des produits cosmétiques et ne sont pas considérés comme nocifs pour la santé. En revanche, ceux qui sont à éviter sont les PPG qui sont allergisants et irritants pour la peau.

Les matières éthoxylées

Les ingrédients éthoxylés servent de tensioactifs et posent un réel problème. D’une part car ils sont agressifs pour la peau et sont peu biodégradables. D’autre part, à cause de leur procédé de fabrication, fait à partir d’un gaz très toxique, mutagène et cancérigène: l’oxyde d’éthylène. Et, même après purification, les matières éthoxylées peuvent être contaminées au dioxane (1-4 dioxane), qui est une substance irritante (source INRS).

Les ingrédients éthoxylés sont  indiquées selon plusieurs nomenclatures :

  • suffixe -eth : Sodium Laureth sulfate, Ceteareth X ou Y, Sodium Myreth Sulfate
  • Suffixe –oxynol : Butoxynol, Octoxynol, nonoxynol
  • Préfixe Hydroxyethyl- : Hydroxyethylcellulose
  • Suffixe PEG (PolyEthylGlycol)-chiffre : PEG100 Stearate

Il faut rajouter à cette liste les Quaternium, les Polysorbates, les Polysilicones et les Diméthicone Copolyols.

Les silicones

Les silicones sont reconnaissables grâce à leurs suffixes en -one ( Dimethicone) et en –oxane (Cyclohexasiloxane, hexamethyldisiloxane).

Ce sont des microplastiques qui vont laisser un film sur la peau et les cheveux pour leur donner un aspect lisse et doux immédiat. Ingrédient « magique » que vous allez retrouver dans la plupart des produits cosmétiques. Les silicones ne sont vraisemblablement pas toxiques pour la santé. En revanche, ils sont très polluants. En effet, chaque fois que vous rincez des produits contenant des silicones, ceux-ci vont se retrouver dans les rivières et les océans. Ces substances, comme tous les plastiques, sont peu biodégradables et très toxiques pour la faune aquatique.

Si vous voulez en savoir plus, je vous invite à lire l’article « pourquoi éviter les silicones dans les cosmétiques », du site slow cosmétique, que j’ai trouvé très complet.

Les huiles minérales

Petrolatum (vaseline), Paraffinum liquidum (paraffine) est-ce que ces noms vous dises quelques choses ? Ce sont des huiles minérales issues de la pétrochimie. Le seul intérêt à les utiliser dans les produits cosmétiques est pour le fabricant, car elles sont peu chères et plus stables que les huiles végétales. Ces huiles vont laisser un film occlusif sur la peau et vont donner une impression de peau hydratée. Pourtant, elles n’apportent rien à la peau : aucun nutriment, aucun bon acide gras. Elles  peuvent même la détériorer sur le long terme, notamment en bouchant ses pores : favorisant ainsi l’apparition de comédons et de boutons.

Voici d’autres huiles minérales :

  • Cera Microcristallina
  • Ozokerite
  • Ceresin
  • Mineral oil

Les perturbateurs endocriniens

Je ne vous parlerai pas ici des perturbateurs endocriniens, car ils méritent un article entier ! Néanmoins, voici une liste non-exhaustive des différentes familles d’ingrédients qui en contiennent :

  • les silicones : Cyclopentasiloxane, cyclotetrasiloxane
  • les filtres solaires : benzophenone, 2-benzoyl-5-methoxyphenol, oxybenzone, oxybenzone 6 , methanone.
  • certains conservateurs: le phénoxyethanol et tous les noms qui finissent par -paraben (butylparaben, méthylparaben, ethylparaben)
  • certains additifs : les Phtalates

Prenez votre loupe Sherlock : le cas concret

Maintenant que vous en savez un peu plus sur les suspects qui composent les produits cosmétiques, déchiffrons ensemble cette liste INCI. J’ai choisi un produit de soin pour la peau destiné aux bébés, confectionné par une marque de pharmacie. Je précise que je ne parlerai pas de l’efficacité du produit (qui est peut-être très bien) mais seulement de sa composition. Comme il y avait quelques ingrédients que je ne connaissais pas, je me suis aidée du site « la vérité sur les cosmétiques » où se trouve un moteur de recherche dédié aux ingrédients cosmétiques.

 la composition de ce produit est-elle clean  ?

liste inci ingrédients cosmétique avec son explication

Comme nous l’avons vu plus haut, le profil d’un cosmétique se caractérise par les 5 premiers ingrédients :

  1. L’eau (water) est la substance de base et à l’avantage d’être active, car c’est une eau thermale : pour l’instant, tout va bien !
  2. Parafinium liquidium est une huile minérale (issue du pétrole ) : ça se gâte.
  3. Glycerin est une matière active, hydratante et peut faire office de solvant : c’est Ok !
  4. Glyceryl stearate : substance de soin pour la peau. C’est encourageant !
  5. PEG-12 est une matière éthoxylée qui joue le rôle d’émulsifiant. Il peut-être irritant pour la peau et sa production est polluante : rien ne va plus, vous pouvez reposer le produit sur l’étagère.

Il y a seulement 2 ingrédients suspects dans les 5 premiers ingrédients de la composition. Ce qui est pour moi déjà trop pour un produit de pharmacie et surtout pour un produit destiné aux bébés.

Dans la suite de la composition, il y a aussi deux substances qui laissent vraiment à désirer :

  • le premier est le conservateur BHT, neurotoxique qui perturbe le système hormonal. Il présente aussi une toxicité pour la peau, les reins et le foie et augmente le risque de cancer (source : la vérité sur les cosmétiques). Même si sa quantité est minime, il ne devrait même pas être présent dans un cosmétique (surtout ceux destinés aux bébés).
  • Le deuxième est le C20-40 pareth-10. Comme pour le PEG-12, c’est un composé éthoxylée qui doit être évité.

En conclusion, la composition n’est à mon sens pas très clean. Même s’il y a des substances qui sont réputées pour être intéressantes pour la peau, comme la glycérine, le Caprylyl Glycol et l’eau thermale. La présence en grande quantité d’huiles minérales, d‘émulsifiants réputés pour être irritants pour la peau et d’un conservateur accusé d’être un perturbateur endocrinien ne me donne pas du tout envie d’en appliquer sur la peau fine et perméable de mon bébé.

Quelle conclusion ressort de ce décryptage ?

Peu importe où nous achetons nos cosmétiques, que ce soient dans les pharmacies, les grandes surfaces, les parfumeries, les magasins bio ou les instituts de beauté, je pense qu’il est important d’avoir toujours un regard critique sur les produits que nous achetons. Car l’image de l’enseigne ou de la marque peut nous induire en erreur. Par exemple la pharmacie à une image très sécurisante pour le consommateur. Pourtant, comme nous l’avons vu précédemment, les formulations ne sont pas si clean que ça.

Par conséquent, savoir déchiffrer les listes INCI est primordial pour savoir, en tout état de cause, si les cosmétiques que nous mettons sur notre peau peuvent être néfastes à long terme sur notre santé et sur l’environnement.

Si ce n’est pas déjà fait, je vous conseille de télécharger les applications telles que Yuka, INCIbeauty ou encore CleanBeauty qui vous aideront beaucoup, au début, à décrypter les étiquettes.

J’espère que cet article vous permettra de comprendre un peu mieux de quoi sont fait vos cosmétiques. Dites-le-moi en commentaire. 

À très vite ;-) 

En attendant, prenez soin de vous.

Aurélie.

Références:
Slow cosmétique, le guide visuel par Julien Kaibeck et Mélanie Dupuis aux éditions Leducs
Le site internet la vérité sur les cosmétiques : www.laveritesurlescosmetiques.com
Le site internet de l’INRS : www.inrs.fr

AURELIEUnua Institut

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